Circonstances rocambolesque pour la naissance et l'inhumation d'un enfant de père et mère inconnus...
Nous sommes aux derniers jours de l'hiver, dans la nuit du 17 au 18 mars 1687, en pleine campagne sur la paroisse d'Ecrainville. Heureusement la pleine lune éclaire comme en plein jour. Il fait froid et pourtant un couple circule avec peine à la recherche d'un abri car la femme est sur le point d'accoucher. Prise par les douleurs, elle se repose sur le plus proche talus et demande à son compagnon d'aller chercher de l'aide. En se renseignant ci et là, celui-ci trouve Marie Bouillon sage-femme jurée à Angerville-l'Orcher, qui accepte de l'accompagner. Compte tenu des distances et de la recherche de la sage-femme, il a fallut sans doute deux bonnes heures avant de retrouver la femme esseulée en pleine nature. Finalement tout se passe pour le mieux et Marie Bouillon parvient à accoucher cette femme d'un petit garçon. Mais, à son grand étonnement, le couple inconnu ayant retrouvé ses esprits et sa vigueur se sauve en laissant le nouveau né dans ses bras, ou plutôt "sur les bras".
Compte tenu des circonstances de sa venue au monde, cet enfant risque d'être fragile. Marie Bouillon lui fait donc aussitôt un ondoiement et lui recherche un abri où on pourra le soigner et le nourrir. Elle le porte ainsi chez Jean COURCHÉ à Manéglise, dont la femme est nourrice. Mais cet enfant ne vivra que quelques jours et sera inhumé le 21 mars 1687 à Manéglise. La sage-femme décrira au curé les circonstances de la naissance de cet enfant inconnu, afin de le décharger de toutes suites.
Ce jourdhuy vingt et un eme de mars 1687 a la requisition de Marie Boüillon femme de Pierre Dudoüit chirurgien demeurant à Angerville l'Orcher, la dite Boüillon sage-femme jurée en la dite paroisse, a eté inhumé au cemetiere de Maneglise un enfant mâle quelle a receu lundy la nuit venant au mardy dix huit eme du present mois au milieu de la campagne sur la parroisse d'Écrainville proche Émalleville ou elle fut requise assister une femme en travail d'enfantement par un homme a elle inconnu qui la mena audit lieu sans pouvoir connaistre la personne quelle delivrait lesquels se sauverent au moment quelle fut delivrée lequel enfant elle onda pour la necessité pressante ou il etait et le donna en nourice à Jean Courché de nostre parroisse chez qui il est mort ce quelle a signé veritable et promis nous decharger de toute suitte cy aucunes a avoir, aux presences de Isaac Le Rouge et Jean Morel tous de la dite parroisse de Maneglise; fait comme dessus.
Sources :