David MALANDAIN est né vers 1660 dans une famille de religion protestante vivant à Épreville. C'est donc tout naturellement qu'il se marie avec Marie BOSSEL le 9 août 1682 au temple de l'église réformée de Criquetot-l'Esneval, son épouse étant également d'une famille protestante.
De ce mariage vont naître plusieurs enfants ; Susanne née en 1682, puis Jean et Marie nés jumeaux en 1684, sont tous les trois baptisés au temple de Criquetot-l'Esneval. Mais, le 18 octobre 1685, le roi Louis XIV révoque l'Édit de Nantes qui depuis 1598 autorisait la pratique de la religion protestante. De ce fait, les enfants nés après cette date seront maintenant baptisés à l'église catholique. On retrouve ainsi le baptême de Marguerite en 1687 puis le baptême de David en 1690, tous les deux à Épreville, et enfin celui de Jacques en 1695 à Sausseuzemare-en-Caux.
Quelques années plus tard arrive l'époque où les enfants encore vivant sont maintenant en âge de se marier. Pour Jacques, la situation est compliquée car, en fin d'année 1719, c'est avec une fille de la religion catholique qu'il souhaite se marier. Pour sa sœur Marguerite, son mariage avec un garçon de confession protestante ne posera pas de problème. Avec l'accord de son père, un contrat de mariage sous seing privé sera signé devant notaire le 28 janvier 1721 à Goderville, puis elle se mariera "au désert" de façon cachée comme beaucoup d'autres à cette époque. David quand à lui choisira l'exil et c'est à Londres qu'il se marie en 1720.
Mais revenons à Jacques ...
Lui n'est pas à tout prix attaché à une religion mais plutôt à Marguerite HANIN, une fille catholique, avec qui il souhaite se marier depuis plusieurs mois ; jusqu'à ce jour David MALANDAIN père s'est opposé formellement à cette union. Agé de vingt quatre ans en ce début d'année 1720, Jacques est encore loin de la majorité matrimoniale fixée à l'époque à trente ans pour les hommes. Il doit donc obtenir impérativement un accord de son père pour cette union mais ce dernier reste campé sur sa position : un mariage entre un fils de protestant et une catholique est inimaginable à ses yeux. Toutefois, depuis un règlement du 20 septembre 1692, il est possible de passer outre à ce défaut d'accord en formulant des sommations respectueuses. C'est la solution que va employer Jacques MALANDAIN pour parvenir à se marier le mardi 30 janvier 1720 à Gonfreville-Caillot [1].
Le cas état rare à l'époque et on voit que le curé a été quelque peu hésitant sur la manière de rédiger un acte de mariage faisant état des conditions dans lesquelles ces sommations respectueuses [2] ont été faites. Finalement, il a inséré une attestation des témoins de ces sommations dans le corps même de l'acte de mariage.
Le 30 eme jour de jeanvier mille sept cens vingt, apres fiancaille et publications des baons faites en cette eglise par trois jours de dimanche sans qui se soit trouvé aucun empechement veu aussy le consentement de David Malandain pere qu'il a donné le mardy seize jour de janvier 1720 en presence de Joseph Guigneri et Jean Le Masurier comme il l'on atesté ainsi qu'il ensuit ont eté mariez par monsieur le curé du dit lieu Jacques Malandain fils de David Malandain et de Marie Bosel aagé de vingt trois ans, et Marguerite Hennin fille de Jean Hanin et Marie Lapert aagée de vingt ans tous deux de la ditte parroisse, nous soubz signez Joseph Guigneri et Jean Le Masurier certifions et atestons a Monsieur le cure de Gonfreville Caillot que nous etant transporté le mardi seizieme de janvier a la compagnie de Jacques Mallandin en la maison de David Mallandin pere du dit Jacques lequel aurait dit en nôtre presence a son pere qu'il venait pour luy rendre le respect et la deference qu'il luy doit et le prier de vouloir bien donner son consentement au mariage qu'il pretendait contracter sous son bon plaisir avec Marguerite Hennin de la ditte parroisse de Gonfreville et luy faire la grace et l'hommage de signer a leur contrat de mariage, a quoy le dit David aurait repondu a son fils qu'il luy donnait volontiers son consentement qu'il ne s'opposait nullement a son mariage et qu'il priait Dieu de lui donner sa benediction mais qu'il ne pouvait signer a son contract de mariage a cause de la difference de religion qui etait entreux. Ensuite de quoy il nous dit qu'en signe d'amitié il voulait boire avec nous et avec son fils, ce que nous consentimes. Nous atestons de plus que nous etant derechef transportez avec le dit Jacques Malandin le mardi suivant 23eme du dit mois au marché de Goderville nous y rencontrâmes ledit Malandin a qui son fils ayant reiteré les mesmes complimens que sy dessus le dit pere fit en nôtre presence une pareille réponce qu'il nous avait faite la premiere fois. Ce que nous avons signé pour servir au dit Jacques Mallandin en cas qu'il en ait besoin fait ce 28eme de janvier 1720 -/- aux presences du dit Masurier et de Joseph Guignery temoins du dit Gonfreville et autre temoins soubz signez.
Sources :